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Dream of Life ~ Où les mots prennent vie
28 avril 2010

Tears of Poison

Extraordinaire non ? Mon premier article depuis un bon moment. Les blogs, c'est vraiment pas mon truc, m'enfin, voici quand même une nouvelle de mon lycée que j'ai écrite dans le cadre du concours de la nouvelle avec en thématique "la Lutte" et donc moi, j'ai choisis d'illustrer la "lutte pour survivre". J'espère que ce petit texte vous plaira.


~ Tears of Poison ~

 

La pluie retombait fortement sur le bitume usé de la petit ruelle sombre, les gens marchaient d'un pas pressé dans la grande rue adjacente, blottie sous leur parapluie, ils n'avaient qu'une idée en tête, c'était rentrer chez eux au plus vite. Ils ne faisaient pas attention au monde qui les entouraient, ils n'étaient réceptifs qu'au bruit des gouttes d'eau claquant sur la membrane de leur abri, ils n'étaient même pas capable de voir l'enfant abandonné aux intempéries croupissant près de la benne à ordures, les jambes contre sa poitrine et les regardant passer de ses yeux vide d'expression. Il ne savait plus comment il avait atterri ici, l'idée de mourir le berçait tendrement, cela ne gênerait personne s'il passait de vie à trépas, personne ne faisait attention à lui. Ses souvenirs étaient déjà passés de l'autre côté, il en avait oublié son propre nom, sans doute orphelin ou enfant laissé à l'abandon par des parents inutiles, incapable de prendre soin de l'être issu de leur chair et de leur sang. Mais il se souciait peu de savoir s'il avait des parents ou non...

La pluie lavait son corps sale et puant, ses vêtements étaient terreux et malgré l'eau les détrempant, ils le restaient. L'indifférence des gens ne l'atteignait pas, il se moquait bien de tout cela, de la vie ou de la mort. Sa vie avait perdu tout intérêt avant même qu'il ne la trouve, il était devenu néant en perdant la richesse de son âme formée par ses souvenirs. Son existence même était devenue inutile, sans but à poursuive, il n'avait pas de rêve, rien, personne, pas même un objet précieux auquel se rattacher, aucune étincelle d'espoir ne brillait dans ses prunelles noires. Le jeune enfant regardait inlassablement les gouttes de pluie retomber sur le trottoir bondé de monde, d'une foule qui ne diminuait pas en ce quartier toujours fréquenté de Shinjuku1. Des visages inconnus défilaient devant ses yeux vitreux, pas un seul ne ravivaient un souvenir en sa mémoire perdue, rien qui pouvait l'éveiller, pas même une bribe d'image. L'eau perlait sur ses cheveux d'ébène et ruisselait sur son visage fin et sans expression qui se releva à la vue d'un homme qui venait de s'engager dans la petite rue. Le jeune enfant ne réagit pas, ses lèvres légèrement entre-ouvertes laissaient l'eau glisser dans sa bouche et le désaltéré, il regardait le nouveau venu sans vraiment le voir puis après un instant, il reposa son menton sur ses genoux et regardait les pieds se mouvoir jusqu'à lui.

Le jeune enfant sursauta quand une main ferme et solide entra dans son champ de vision. Un instant de panique se saisit de lui et il se mit à trembler, un sentiment de peur l'envahi sans qu'il sache ce que c'était. Il voulut reculer mais son dos était déjà contre la benne à ordure et d'un côté c'était un mur, dans son coin, il s'était fait prisonnier lui-même. L'homme s'accroupit bientôt tout près de lui et son visage ne montrait rien d'hostile à son égard mais le garçon ne s'apaisa pas immédiatement, ses entrailles restaient nouées dans son petit corps frêle et fragile. Son regard noir s'était fixé sur celui bleu clair de l'inconnu et à l'opposé de ses yeux, ceux de cet homme avaient une petite lumière qui brillait à lui réchauffer un peu le coeur. Il eut l'impression d'avoir déjà vu cette lueur quelque part mais il n'aurait su dire où mais par cette sensation familière, il daigna finalement se calmer et le laissa approcher un peu plus de lui, ses tremblements s'étaient tus. Le jeune enfant déposa lentement sa main sur celle de l'homme tendu vers lui et celui-ci vint sourire.

-Qu'est-ce qu'un enfant comme toi fait ici par un temps pareil ?

L'interpelé ne répondit pas, il n'avait pas vraiment de réponse à la question, de plus,  il ne savait pas quoi lui répondre. D'un seul coup, l'inconnu vint tirer sur son bras maigre et l'entraîna contre lui. La pluie cessa en même temps de lui tomber sur le visage et un bruit sourd entra dans ses oreilles, celui des gouttes retombant sur un tissu plastique. En levant son frêle visage d'albâtre, il vit au dessus de sa tête un ciel noir voilé du squelette métallique d'un parapluie aux ailes membraneuses. Une main passa subitement dans ses cheveux détrempés jusqu'à ce qu'elle arrive à l'arrière de son crâne et le pousse un peu plus contre le corps chaud de l'homme. Le garçon ne sut pas trop quoi faire alors il laissa l'inconnu faire sans pour autant lui accorder confiance mais cette chaleur l'apaisait tellement !

-Tu es trempe de partout, tu risques de tomber malade. Tu sais où sont tes parents ?

Le jeune enfant ne répondit rien une fois de plus mais à cette question, il secoua tout de même la tête en signe de négation et l'homme fut étonné de ne pas entendre le son de sa voix enfantine. Sans prévenir, il souleva le petit corps et l'assit sur son bras, le calant contre son torse et les petites mains de l'enfant se posèrent sur ses larges épaules.

-Quel âge tu as petit gars ?

Il haussa les épaules. Malgré la maigreur de son corps, au vu de sa taille, il devait avoir entre sept ou huit ans, du moins, c'est ce que l'homme en déduit.

-Ton nom ?

Nouveau haussement d'épaule, pas de réponse à donner, rien, le néant absolu. L'inconnu fronça un sourcil, intrigué par tant de mystère autour d'un si jeune garçon. Mais s'il l'avait pu, l'enfant lui aurait donné son nom, mais lui-même il l'ignorait et un blocage en son cerveau l'empêchait à cet instant présent d'exprimer ce qu'il aurait voulu dire, seul des gestes pouvaient traduire ses semblants de paroles.

-Tu ne vois pas d'inconvénient à ce que je t'emmène ?

L'enfant fut étonné par la question, après tant d'indifférence passé par la foule aveugle, on voulait à présent le mener ailleurs. Mais où, il ne s'en soucia pas vraiment, rien ne pouvait être pire qu'ici et de toute manière, il ne put faire aucun signe qu'il se fit déjà emmené et rapidement, il passa ses petit bras autour du cou de l'homme et posa sa tête contre son épaule. L'individu sourit et le serra un peu plus contre lui et le jeune garçon se laissa faire sans doute avec inconscience mais il se ne fit rien, fermant les yeux, il se laissa bercer tendrement par les mouvements réguliers provoqués par la marche. Un léger murmure lui parvint à l'oreille alors qu'il sombrait peu à peu dans un doux sommeil.

-Dorénavant, tu t'appelleras Llyr et tu vas vivre dans le quartier de Kabukichô2, avec ta nouvelle famille, j'espère que tu n'as rien contre les yakuzas3. Je ne te laisserais pas seul, petit.

 

La pluie tombait en abondance ce soir là et réveilla un jeune homme qui se redressa sur sa paillasse miteuse. La couverture qui couvrait son corps glissa et laissa à la vue son torse nu, révélant de légères cicatrices qui marquaient ses épaules aux courbes gracieuses. Le bruit de l'eau tombant sur le sol et les carreaux lui avait rappelé de vieux souvenirs qu'il pensait avoir oublié. Une porte s'ouvrit bientôt et de la lumière entra à flot dans le petit espace qui servait de chambre au jeune homme et rapidement, une silhouette se dessina à contre jour.

-Llyr, il y a Yukito qui veut te voir.

Le jeune homme poussa un long soupir puis se tourna vers la silhouette.

-Il n'en a pas eu assez cette nuit ?

L'ombre haussa les épaule puis s'éloigna, laissant la porte ouverte suffisamment pour que Llyr puisse plier sa maigre couverture et enfiler ses vêtements, bien qu'il risquait de ne pas rester en place bien longtemps, enfin, tout dépendrait de l'humeur et de la demande de son cher chef. Du jour au lendemain, sa vie qui était devenue plus ou moins prospère avait basculée dans l'enfer le plus total. Il y a une douzaine d'années ou presque, un homme l'avait sorti de son trou, un homme qui avait eu la bonté de le recueillir alors qu'il avait été invisible aux yeux de tous, cet homme, c'était Hideaki Hanazaki, un type très influent dans le domaine politique mais qui dirigeait surtout un casino pas très net sous le joug de son clan mafieux. Le trafic en tout genre y volait très bas mais avec ses contacts, il passait facilement entre les mailles de la justice, et tout ce qu'il savait, Llyr le devait à cet homme unique qui était devenu son père, le seul et l'unique à ses yeux mais suite à son assassinat il y a quelques mois, qui d'autre que le fils du boss pouvait reprendre le flambeau ?

Non, ce n'est pas lui qui avait été choisi, mais le fils légitime de Hanazaki, le Yukito en question et pour ne rien caché, ce dernier ne portait pas Llyr dans son coeur. La jalousie et la rancoeur avait endurci le coeur du jeune chef de famille et à présent que son père était passé de vie à trépas, il pouvait faire passer toute sa frustration sur le jeune homme plus jeune que lui de seulement un ou deux ans. En quelques mois, il s'était déjà « amusé » avec lui un bon nombre de fois mais son souffre-douleur ne ressentait plus ni souffrance ni douleur, juste une certaine routine.

Llyr finit d'enfiler son pantalon en cuir noir puis enfila vite fait une chemise blanche et se dirigea vers la porte d'un pas lent, pas tellement motivé à retourner une fois de plus au côté de son soit disant Oyabun4. Il n'y avait presque aucune justification dans les gestes de cet homme, il ne le maltraite que pour se venger de son père qui l'a délaissé pour s'occuper de lui alors qu'il était sans famille, sans nom, et sans souvenirs. On le nommait souvent comme le chouchou du boss mais après la mort de ce dernier, il ne pouvait plus porter ce surnom puisque l'actuel chef avait changé et qu'il s'était pri plus de coup qu'il n'en avait eu en une dizaine d'année. Malgré tout il ne pouvait pas renier sa famille, il était plus ou moins prisonnier de cet endroit mais c'était son seul foyer, il n'avait nul part où aller et sa vie était lié toute entière à ce clan alors même si Yukito ne le portait pas particulièrement dans son coeur. Il ne pouvait pas partir et même s'il le faisait, il doutait fortement qu'on le laisse partir comme cela.

Les yakuzas ont plusieurs règles et rituels, notamment un pour quitter le clan mais dans un sens, il n'avait jamais vraiment fait parti à part entière de cette famille puisqu'on n'a jamais pris la peine de lui tatouer l'emblème du clan sur une partie de son corps, l'ancien chef disait toujours qu'il était trop jeune pour qu'on lui inflige la douleur du marquage car les tatouages sont fait de façon traditionnelle, l'encre injecté sous la peau de manière à rendre le tatouage irréversible. Hideaki ne l'avait jamais avoué mais le jeune homme se doutait bien que ce n'était qu'une excuse qu'il donnait, qu'il devait y avoir une autre explications plus enfouie et qu'il ignorait et ignorerait encore longtemps, un secret qu'il a emporté dans sa tombe sans jamais le lui révéler.

-Llyr, bouge tes fesses, il commence vraiment à s'impatienter !

-J'arrive, j'arrive, je vais pas non plus me présenter nu devant lui.

Une fois qu'il eut finit de boutonner sa chemise, il daigna sortir de la petite chambre et pour ne pas l'étonner, de sourd ronflement lui parvenait. La plupart du clan dormait encore à cette heure-ci, Llyr n'avait pas l'heure sous les yeux mais il avait pu au moins remarquer que le soleil ne s'était pas encore levé, le ciel, même s'il était caché par les nuages noirs de pluie, était bien trop sombre pour prétendre à la nuit finie. Il n'eut pas besoin qu'on lui montre le chemin qu'il devait prendre, il le connaissait bien assez, même s'il aurait voulu tout oublier, il y a malheureusement des choses que l'on ne peut effacer de sa mémoire. Pour survivre, il avait dû se forger une carapace et celle-ci s'était nettement renforcer depuis les traitements de Yukito, il le fallait bien, auquel cas il aurait sombrer dans la peur et la folie sans moyen d'en réchapper. Le long couloir sombre aurait eut besoin d'un bon coup de balai depuis bien longtemps, les toiles d'araignée étaient présentes en grand nombre et la poussière s'y déposait, les ampoules électriques étaient pour la plupart brisé et ne pouvait offrir aucune lumière pour guider les pas du jeune homme mais à force de routine, on connait que trop bien le chemin et on ne demande plus de luminosité pour avancer dans les ténèbres.

De sous la porte du fond, une lumière filtrait faiblement et après un bref coup contre la parois de bois, une voix brisa le silence et Llyr entra dans la salle miteuse. C'était la chambre de Yukito et autant dire que le confort y était plus respectable que dans son placard à balais tout juste assez grand pour contenir deux hommes. Yukito était assis sur son lit et s'était tourné vers lui avec son habituel regard sombre et glacial, son visage était dur et gâchait toute la beauté de ses traits magnifiques. Il était habitué à ce visage, après tout, il avait grandi avec lui et s'il arrivait à effrayer les autres ainsi, sur Llyr, cela ne faisait pas particulièrement effet. En un instant, Yukito se leva et s'approcha du jeune homme, l'attrapant par le col, il vint le jeter sur le lit sans lui laisser le temps de réagir. Très vite, il se prépara à recevoir des coups ou se retrouver nu, c'était devenu tellement habituel que cela ne lui faisait absolument rien. Yukito se mit à califourchon sur son corps devenu un peu plus robuste avec le temps, et rapidement, sa chemise se retrouva par terre mais si d'ordinaire il se retrouvait plus vite dénudé, seul ce vêtement-là s'envola pour le moment.

Des ongles se plantèrent dans sa chair et lui arrachèrent des bouts de peau, ils s'enfonçaient encore et encore, voulant aller toujours plus profondément jusqu'à lui arracher des gémissements de douleur que Llyr gardait au fond de sa gorge. Yukito se plaisait dans cette torture, entendre ainsi la voix du jeune homme filtrer dans la chambre, sa seul souffrance lui apportait extase et plaisir. Du sang vint vite maculer son corps d'albâtre tandis que son tortionnaire se léchait les doigts pour ensuite le griffer sauvagement et faire de nouveau entende sa voix. Ce n'était pas grand chose par rapport aux coups qu'il lui portait d'ordinaire, peut-être était-il d'humeur plus sadique que d'habitude, toujours à la recherche d'un moyen de le torturer différemment. Ses cicatrices sur ses épaules avaient été causées par des griffures aussi, plus profondes, mais il ne gardait pas forcément de marques de ses séances, certains dans le clan avaient la bonté de soigner et panser ses blessures parfois. Mais on pouvait lui donner tous les remèdes du monde, rien ne pourrait jamais le soigner complètement, il y a des cicatrices que l'on ne peut pas refermer. Les lèvres de Yukito se posèrent délicatement tout près de son oreille, son souffle tiède effleurant son cou le fit frémir mais sa voix le glaça.

-Crie pour moi, crie de douleur ou de plaisir peut m'importe, mais fais moi entendre ta voix.

Les mains de Yukito glissèrent sur ses hanches qu'il griffa comme il l'avait fait avec son torse mais le jeune homme serrait les dents pour ne pas laisser filer sa voix, ne pas lui procurer ce plaisir tant attendu, mais cela le contraria fortement et la douleur se fit plus intense dans sa chair. Llyr aurait voulut ne pas céder mais tout son être avait besoin d'extérioriser sa douleur et donna au tortionnaire ce qu'il attendait avec délectation et prit d'autant plus de plaisir à planter ses ongles dans ses hanches. La souffrance de son corps le dévorait intérieurement et tant de choses se bousculaient dans sa tête mais pour la plupart il ne pouvait y répondre, il ne le voulait pas où cela donnerait davantage de plaisir à Yukito. La sensation du sang coulant sur sa peau se faisait de plus en plus intense dans son esprit jusqu'à l'obnubiler complètement, sa chair ouverte lui brûlait de plus en plus et l'impression de recevoir des coups de marteau dans sa tête lui faisait perdre toute notion de la réalité.

Llyr sursauta violemment quand il se rendit compte que son tortionnaire ne faisait plus rien, tellement en proie aux brûlures qu'il n'avait pas pris garde au regard qu'il lui portait. La crainte de recevoir châtiment plus violent s'empara de son être, ses yeux d'un noir intense fixaient le bleu glacial de ceux de Yukito. Les ténèbres s'étaient emparées de son âme alors que pour le fils de son paternel adoptif, s'était dans une glace éternelle que l'âme était enfermée. Son persécuteur vint subitement l'attraper par les cheveux et le fit se redresser, son regard se faisant plus menaçant que jamais. Le jeune homme aux cheveux d'ébène grimaça et craint ce qui venait se cacher derrière ce regard, étant en position d'infériorité, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une quelconque peur.

-Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu te laisses faire, Llyr ?!

L'interpellé fit de grand yeux, interloqué par la question qui lui parut bien étrange, surtout venant de Yukito. Pourquoi venait-il lui demander cela ? Un silence s'installa alors, mettant un certain temps à constater qu'il était vraiment sérieux en posant sa question, et cela déstabilisa d'avantage encore Llyr. Mais au bout de quelques secondes, il vint émettre un sourire étrangement chaleureux et passa ses bras autour de lui pour le serrer légèrement contre lui et répondit enfin :

-Parce que tu as besoin de me faire cela, n'est-ce pas ? Après tout, je t'ai volé ton père le jour où il m'a recueilli, par ma faute, tu as accumulé de la frustration et de la colère à mon égards. Aujourd'hui, je peux te rendre ton père, c'est pour cela que je me laisse faire, c'est la chose que je peux t'offrir. Si cela peut te soulager, je me laisserais toujours faire, Yukito.

Llyr ne pouvait pas le voir parce qu'il le tenait tout contre lui, c'est à son frère d'être interloqué cette fois-ci par ses paroles. Il avait du mal à croire en ces propos, et c'était compréhensible. Était-il donc idiot ? Yukito se mordit un instant la lèvre inférieur puis se saisit des épaules nues de son souffre-douleur et le repoussa, la tête basse, des mèches de cheveux venaient cacher ses yeux.

-Casses-toi.

Il se leva et s'éloigna du lit, ne lui jetant pas un seul regard, Llyr trouva sa réaction plutôt étrange mais ne dit cependant rien, se levant à son tour. Il récupéra sa chemise sur le sol et l'enfila rapidement tout en se dirigeant vers la porte, lançant un dernier regard à son ainé, puis quitta la chambre sans un mot. Une fois dans le couloir, il se mit à marcher rapidement jusqu'à finir par courir et passer une porte donnant à l'extérieur. Il s'arrêta après avoir fait quelques pas supplémentaire, la pluie battait toujours sur le sol de béton et contre les parois métallique des vieux entrepôts désaffectés. L'eau venait laver ses blessures et détrempée ses vêtement, ruisselait le long de ses mèches d'ébène. Ses yeux clos, Llyr se laissait ainsi aller, cela lui faisait du bien mais cette pluie avait un goût amer de mélancolie et d'amertume.

Au bout d'un moment, il rentra quand même à l'intérieur, c'était encore le déluge dehors. D'un pas lent et non-chalant il regagna la pièce qui servait de dortoir, puis regarda avec un léger sourire ceux qui dormait encore avant de s'en aller vers le placard à balais qui lui servait de chambre. Mais à ce moment là, l'un des individus qui s'étaient réunis près du poêle lui fit un signe de la main et Llyr se tourna vers lui et s'en alla les rejoindre.

-Alors, il s'est encore amusé avec toi ? Comment ça se fait que tu sois trempé ?

-Il ne m'a pas gardé longtemps alors après, je suis allé faire un tour dehors.

-Par ce temps ? Mais t'es malade ou quoi ?

-Ca a au moins fait partir le sang, répondit Llyr dans un haussement d'épaules.

L'individu qui l'avait interpelé lui fit signe de s'assoir sur l'une des caisses de bois et il s'exécuta, regardant son camarade sortir un trousse à pharmacie, il vint lui demander de retirer sa chemise trempée. Il le fit et laissa le vêtement près de la source de chaleur puis laissa l'autre essuyer, désinfecter puis panser ses blessures. Cet homme-ci se nommait Aguri et il se faisait un peu son papa poule, il prenait soin de lui après ses « séances » avec Yukito. Ils n'avaient qu'un kit rudimentaire de premier soin mais il faisait toujours en sorte d'avoir de quoi couvrir les plaies de Llyr, et comme cela semblait lui faire plaisir de jouer les infirmiers, il le laissait faire. Il lui avait d'ailleurs expliquer qu'avant d'intégrer le clan, il travaillait dans une petite clinique mais un clan ennemi y avait mis le feu, Hideaki lui avait alors proposé de se joindre à eux, ce qu'il avait accepter.

 

Cela faisait plusieurs jours maintenant que Yukito ne l'avait pas convoqué une seule fois, pas depuis l'autre jour, aussi s'inquiétait-il tout de même pour lui. Il ne connaissait pas vraiment les détails, mais il paraissait même qu'il n'était pas sorti de sa chambre depuis cette même période de temps. Llyr n'osa cependant pas voir directement par lui même de quoi il en retournait, il savait déjà bien assez ce que ressentait son frère adoptif à son égard.

-Aguri, je vais faire un tour en ville.

-Okay, fait gaffe à toi.

Il le salut d'un geste de la main puis sortit prendre l'air. Il avait plu pendant trois jour mais à présent, c'était le ciel bleu et un temps idéal pour une ballade. Il avait besoin de se changer les idées, arrêter de se faire du soucis pour Yukito. Il était son ainé et était capable de se gérer tout seul, il n'y avait donc pas à s'inquiéter pour lui. Du moins, il essayait de s'en convaincre.

Llyr eut vite fait de rejoindre le quartier de Shinjuku, les mains dans les poches, il marchait sans avoir un but bien précis, il regardait sans vraiment s'y intéresser les devantures des boutiques et les passants. Au final, il se demandait un peu pourquoi il était venu mais il avait ressenti comme un besoin de prendre un bain de foule, s'était frustrant de toujours rester à leur entrepôt à ne rien faire de la journée. Aujourd'hui plus que jamais, l'absence de Hideaki pesait de tout son poids sur lui, il était parti bien trop et tout cela à cause d'un assassinat. Le jeune homme émit un profond soupir, s'arrêtant un instant, il leva la tête et se mit à observait le ciel bleu étincelant. Il était si beau et il se mit soudain à aspirer retrouver cette lueur dans les yeux de Yukito.

Il finit bientôt par tourner les talons, au final, il ne sera pas rester longtemps en vile mais généralement, ses sorties étaient courtes et Aguri devait se douter qu'il rentrerait rapidement. Au fil de ses pas, la foule était de moins en moins présente, cela se voyait qu'il approcher de la limite de Shinjuku. Mais en passant devant une intersection, surgissant de l'ombre d'une ruelle, un bras vint se saisir de Llyr, plaquant sur son visage un mouchoir imbibé d'une substance soporifique, et à l'abri des regards, s'écroula dans les bras de l'étranger.

A son réveil, il était dans un quartier inconnu, dans un immeuble inconnu, dans une chambre inconnue. Il mit un certain temps avant qu'il ne réagisse qu'il était attaché dans une salle des plus étrange en face d'un homme tout aussi suspect. Il avait été suspendu au plafond, ses poignets au dessus de sa tête, ses pieds touchaient à peine le sol. L'inconnu fit un large sourire, se rapprochant de lui, il se saisit de son menton, et le regarda dans les yeux.

-Bienvenue dans le quartier de Ni-chôme5, à présent, tu vas avoir la gentillesse de me raconter tout sur ce cher Yukito Hanazaki.

Llyr sourit à son tour mais pas avec la même pensée. Comme s'il fallait se contenter de l'enlever et de lui demander cela pour qu'il vienne déballer son sac. Il fallait être bien naïf pour croire une chose pareil et par pur provocation, il vint cracher sur le visage de l'homme qui répondit immédiatement en lui assénant un coup de poing qui fit saigner sa lèvre.

-Pensez-vous bien que je n'ai pas envi d'être très coopératif.

L'homme semblait s'attendre à se genre de réponse, c'était d'une logique implacable et son ravisseur semblait également savoir quoi faire. Il sortit de sa poche un cran d'arrêt dont il fit sortir la lame qu'il passa délicatement sur la joue de Llyr, y laissant une fine entaille. Ceci n'effraya pas particulièrement le sujet mais il se doutait bien qu'il lui réservait d'autres traitement et bien moins « sage ». Il ne fut guère étonné qu'il vienne lui déchirer et arracher sa chemise, dévoilant des cicatrices plus ou moins fraîches.

-Quels intérêts as-tu à le protéger ? Regarde donc ce qu'il t'a fait jusqu'ici.

L'intéressé fit les yeux ronds. Comment pouvait-il savoir que Yukito lui avait infligé ces marques ?! Cela cachait bien des choses et il avait manifestement calculé son coup et devait attendre depuis un certain temps que Llyr pointe son nez dehors. Ses interrogations devaient se lire sur son visage car l'homme en face de lui émit un nouveau sourire du genre satisfait. Il se tourna et posa le couteau sur une petite table, puis sembla réfléchir un instant. Que pouvait-il bien avoir en tête celui-là ? Le jeune homme profita qu'il se soit éloigner pour tirer sur les chaînes qui le retenaient prisonnier, faisant son possible pour passer ses mains à travers les bracelets métalliques. Ce n'était pas une chose aisé, et malgré qu'il devait être visible qu'il se débattait, l'homme ne dit rien, lui tournant toujours le dos. Puis finalement, il se saisit d'un objet et se retourna vers Llyr qui se stoppa net dans ses mouvement et se mit à craindre le pire en voyant que l'objet en question n'était autre qu'un fouet.

-Tu n'as pas répondu à ma question, Llyr.

De mieux en mieux, en plus, il connaissait son nom.

-Il y a que c'est mon frère adoptif et jamais je ne trahirais le clan qui m'a recueilli !

A l'approche de l'homme, il tira sur ses chaînes et tenta d'asséner un coup de pied au visage de l'étranger. Bien entendu, celui-ci n'eut aucun mal à parer le coup et il lui attrapa même la cheville et prit un malin plaisir à venir lui tordre la jambe, lui faisant faire un tour sur elle même qui ne pouvait pas être complet mais qui arracha néanmoins un gémissement à Llyr. Puis sa jambe retomba lourdement, son pied nu frôlant de nouveau le sol froid.

-N'essaye pas de te débattre, cela ne sert rien, et puis, tu peux hurler autant que tu veux, dans un Hôtel SM, c'est chose courante d'entendre des gémissements. Soit gentil et dis moi ce que je veux savoir.

-Ça jamais !

Llyr s'attendait bien sûr aux représailles mais l'homme pouvait bien faire ce qu'il voulait, il ne cracherait pas le morceau et garderait le silence. Les coups fouet ne tardèrent pas de pleuvoir sur son frêle corps mais il eut beau faire, seuls des gémissements de plaintes sortirent d'entre ses lèvres. Aussi tenta-t-il tout ce qu'il put jusqu'à ce qu'il ne se rapproche dangereusement de la mort. Mais malgré cela, le jeune homme refusait toujours de parler, il tenait plus que tout au monde à son frère, même si, lui, pouvait le détester, il aimait sa famille, et sorti d'on ne sait où, des larmes se mirent à ruisseler sur son visage. Malgré son silence, il avait peur, peur de partir et de les laisser derrière eux, mais il ne voulait pas les trahir et resterait muet, même si cela devait lui coûter la vie. Alors avec une certaine anxiété, il attendait le coup qui mettrait fin à sa pauvre vie, mais il ne vint pas.

-Tu es vraiment entêté, pourquoi ne te contentes-tu pas de me dire ce que je veux ?

Llyr tourna la tête et malgré les larmes qui coulait sur ses joues, il esquissa un sourire.

-Parce que c'est ma famille, et que je l'aime.

 

Étrangement, la pluie avait recommencée à frapper le bitume de toute ses forces et Llyr était là, dans un lieu étrangement familier. Ses pensées étaient devenues flous depuis que cet homme lui avait fait respirer une substance plus que douteuse et il ne se souvenait pas clairement avoir été déposé ici. Mais il reconnaissait ce lieu, peu à peu, cela lui semblait plus clair, adossé contre une benne à ordure, cette foule qui passe sans vous voir, c'était l'endroit où il était « né ». Cela semblait bien trop étrange pour que ce soit une simple coïncidence. Dans la voiture qui l'avait menée ici, des paroles avaient été échangées mais l'esprit de Llyr était bien trop embrumait pour comprendre ce que lui disait son kidnappeur.

L'eau lavait péniblement le sang qui coulait en grande quantité, son dos, non, son corps tout entier le brûlait et ses vêtements collés à sa peau rendaient la douleur que plus insupportable. Son regard était vide d'expression, il sentait sa vie lui échapper peu à peu, il avait envie de s'endormir quand sa tête se mit à le faire souffrir à son tour. Le jeune homme ramena contre les ses jambes tremblante et prit entre ses mains son crâne, il n'avait pas la force nécessaire pour supporter un mal de tête en plus de ses douleurs physiques. Des larmes se mirent à ruisseler le long de ses joues pour la deuxième fois de la journée.

-Pourquoi ?... Pourquoi m'avoir fait ça... Père...

C'était encore un peu flou mais cette douleur crânienne semblait avoir dissiper la brume qui recouvrait son esprit et il se rappelait ce que lui avait dit cette homme dans la voiture. Cela ne faisait que redoubler ses larmes.

 

« Pour... quoi... voulez-vous autant... savoir des choses... sur Yukito ?... »

« Parce que son père à ruiner ma vie il y a plusieurs années de cela. Sache que ce n'est par hasard s'il t'as adopté, ce jour là, j'avais prit l'initiative d'utiliser un prototype pour effacer tes souvenirs, il était nécessaire que tu m'oublies, si je voulais que mon plan fonctionne. Mais je n'aurais jamais imaginer que mon propre fils puisse se rebeller contre moi... »

« Votre... fils ?... »

« Bien sûr, Llyr, tu ne t'en souviens pas, c'est normal, je voulais me servir de toi comme d'un espion pour anéantir la ''famille'' de Hideaki, et je savais qu'il te recueillerais en te voyant. Et si tu veux savoir, ton véritable non, c'est Yuri. Mais à présent, tu ne me sert plus à rien, alors soit sage et disparaît. »

 

Quelqu'un courrait sous la pluie, se frayait un chemin dans la foule et s'arrêta en catastrophe dans le champ de vision de Llyr. Il avait finis pas étendre ses jambes, c'était trop difficile de les garder contre lui et puis, cela lui faisait mal aussi. Il leva difficilement la tête vers la personne qui se dressait à l'entrée de la ruelle et eut du mal à réagir. L'individu mit lui aussi une certain temps pour régir mais pour une raison bien différente et sans prévenir, il s'élança vers lui et vint le prendre dans ses bras. C'est en le voyant de près que le jeune homme reconnu ces prunelles bleues mais la glace semblait avoir fondue, et il crut voir un magnifique ciel bleu pourtant teinté de tristesse.

-Yukito... Qu'est-ce que tu fais ici ?...

-Je suis venu te chercher, quelle question ! Aguri se faisait un sang d'encre en ne te voyant pas revenir et je me suis inquiété !

Llyr esquissa un léger sourire malgré la douleur qui le tourmentait, venant caresser doucement la joue de son cher frère.

-Je suis si heureux que tu me dises ça, si tu savais.

Yukito le serra un peu plus contre lui en faisant attention à ses blessures. Il prenait étrangement soin de lui, cela en était un peu déstabilisant, que ce soit pour l'un ou pour l'autre en fait. Il avait la sensation qu'il pouvait mourir tranquille à présent qu'il savait que son frère adoptif tenait à lui, mais ce serait trop cruel de le laisser seul.

-Je vais t'emmener à l'hôpital, d'accord ? Alors reste en vie, je t'en prie, Llyr !

-Je t'aime énormément, Yukito, je dirais bonjour à notre père de ta part.

Llyr ferma les yeux, se laissant bercer par la voix de son frère qui le suppliait de ne pas mourir. Mais il avait besoin de dormir un peu, le temps que la douleur s'en aille et qui sait, peut-être sera-t-il à même de se réveiller, et à ce moment là, il pourra sourire chaleureusement et enfin contempler un magnifique ciel bleu à travers les yeux de son Yukito.



 

1Arrondissement très animé et haut lieu des affaires abritant le siège de nombreuses grandes sociétés recoupé en plusieurs quartiers. C'est l'arrondissement de Tokyo comptant le plus grand nombre d'étrangers.

2Quartier « chaud » de Shinjuku, célèbre pour ses bars à hôtesses mais aussi pour une forte présence des yakuzas, où est également situé la mairie de Shinjuku.

3Membre d'un groupe du crime organisé au Japon ou, par extension, désigne n'importe quel voyou japonais.

4Chef de famille, d'un clan, l'équivalent du parrain, du père.

5Quartier principal des gays au Japon.

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Dream of Life ~ Où les mots prennent vie
  • ~ Mon petit monde à moi bercé par les mots, dans cette dimension à part, je vais tâcher de vous emporter dans un autre monde, les mots que j'écrirais prendront vie, et ils vous mèneront loin de ce monde, laissez-vous emporter dans cet univers ~
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